CARTON de WIART, Comte Henry.
Né à Bruxelles, le 31 janvier 1869, y décédé, le 6 mai 1951.
Ministre d'État.
Premier Ministre, 1920-1921.
Ministre du Prévoyance Sociale et Hygiène, 1932-1934.
Ministre de l'Intérieur, 1920-1921.
Ministre de la Justice, 1911-1918, 1950.
Membre du Conseil des Ministres durant la Question Royale.
Membre de la Chambre des Représentants.
Doctor Honoris Causa de l'Université Catholique de Louvain.
Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Française.
Grand Croix de l'Ordre de Léopold et de l'Ordre de la Couronne, Croix Civique de 1re Classe, Médaille Commémorative du Règne de Léopold II, Médaille Commémorative du Centenaire.
Grand Croix de l'Ordre des SS. Michel et George de Grande-Bretagne, de l'Ordre des SS. Maurice et Lazare d'Italie, de l'Ordre du Mérite Civil de Bulgarie, de l'Ordre de la Couronne de Chêne de Luxembourg, de l'Ordre d'Orange-Nassau de Pays-Bas, de l'Ordre du Soleil Levant de Japon, de l'Ordre Nicham Iftikhar de Tunesie, de l'Ordre du Danebrog de Danemark, de l'Ordre Polonia Restituta de Pologne, de l'Ordre de l'Étoile de Roumanie, de l'Ordre Royale de Cambodge, de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France, de l'Ordre d'Alphonso XII d'Espagne, de l'Ordre de la Couronne de Yougoslavie, de l'Ordre d'Ismaïl d'Egypt et de l'Ordre Pontificial du Pie, Grand Officier de l'Ordre de Saint-Charles de Monaco, Croix Pro Ecclesia et Pontifice.
CARTON de WIART, Henry, Victor, Marie, Ghislain, Comte. Docteur en Droit, avocat, Ministre d’Etat, Premier Ministre, Ministre de la Justice, Ministre du Travail, de la Prévoyance Sociale et de l’Hygiène, Membre de la Chambre des Représentants, écrivain, né à Bruxelles le 31 janvier 1869, décédé à Uccle le 6 mai 1951.
Fils de Diégo-Benjamin-Constant Carton de Wiart et de Marie-Clémence-Jeanne-Cammaerts, Henry Carton de Wiart est issu d’une famille de noblesse hennuyère connue déjà au XVIIe siècle et installée à Bruxelles au XVIIIe siècle.
Henri Carton de Wiart eut quatre frères qui tous, à part l’aîné mort très jeune, eurent des carrières de premier plan. René fut officier aux Guides puis en Egypte où il combattit sous les ordres de Lord Kitchener et où il reçut le titre de Bey ; Maurice (Mgr), protonotaire apostolique, vicaire général du cardinal Bourne, archevêque de Westminster et enfin le comte Edmond, secrétaire de Léopold II, directeur de la Société Générale, puis Grand Maréchal de la Cour du Roi Baudouin.
Signalons aussi l’activité d’autres membres de sa famille : un oncle, Hassan Carton de Wiart, envoyé comme chargé de mission aux Indes Néerlandaises par Leopold I ; un autre oncle, Adrien Carton de Wiart, l’un des fondateurs sous Leopold Ier de la Compagnie Belge de Colonisation dont le fils devint bâtonnier de l’ordre des avocats au Caire et fut lui-même père du lieutenant général Sir Adrien Carton de Wiart, VC, aide de camp du roi George V et qui s’illustra en 1920 durant la campagne de Pologne contre les Bolcheviks et en 1940 en Norvège contre les Allemands.
Henry Carton de Wiart fit ses humanités gréco-latines au Collège des Jésuites d’Alost, puis au Collège Saint-Michel de Bruxelles, alors situé rue des Ursulines. Il fit sa philosophie à l’Institut Saint-Louis à Bruxelles et son droit à l’Université Libre de Bruxelles. Il devait aussi, pendant plusieurs mois, suivre les cours de l’Institut Catholique de Paris et de l’Ecole des Sciences Politiques de cette ville assistant également au cours de médecine légale du professeur Bouardel, de Paris.
Déjà, à cette époque, Henry Carton de Wiart consacre une partie de son activité d’étudiant à la littérature et rencontre, dans les milieux littéraires de la capitale, Léon Bloy avec lequel il entretient une correspondance suivie, Maurice Barrès, Barbey d’Aurevilly, le poète Verlaine et l’orateur politique et social Albert de Mun. Il fréquente ensuite les cours de sociologie de l’Université de Bonn avant de s’inscrire en 1890, à l’âge de vingt et un ans au Barreau de Bruxelles. Il est stagiaire du grand avocat Edmond Picard.
Au barreau, Carton de Wiart est un orateur étincelant sachant charmer son auditoire par sa jovialité et son art d’émailler ses plaidoiries de l’une ou d’autre anecdote. Sa voix forte pouvait devenir caressante et il savait d’instinct trouver la formule pour toucher le public.
Servi par une haute taille et beaucoup de prestance, il fut très vite au barreau une figure en vue. Il devient bientôt secrétaire puis président de la conférence du jeune barreau et, en 1907, membre du conseil de l’Ordre tout en collaborant activement à diverses publications juridiques, tel Le Journal des Tribunaux.
Plus tard, dans les moments où sa vie politique lui en laissera le loisir, Henry Carton de Wiart poursuivra toujours ses activités d’avocat. Il sera, en 1923, appelé aux fonctions de président de la Fédération des Avocats de Belgique.
Marié depuis 1897 avec Juliette Verhaegen, nièce du ministre Jules de Burlet et arrière petite-fille de Théodore Verhaegen, fondateur de l’Université Libre de Bruxelles, le jeune avocat fréquente avec assiduité les salons bruxellois célèbres de Mesdames Errera et de Lantsheere. Il y rencontre le Père Rutten, le leader socialiste Vandervelde, les grands juristes libéraux Paul Hymans et Paul Janson. Il voit aussi tout ce que Bruxelles compte d’écrivains et de diplomates. Il donne également des articles au Journal de Bruxelles et à diverses revues sur les problèmes posés par l’implantation belge au Congo.
Cette vie professionnelle, littéraire et mondaine n’empêche pas Carton de Wiart de militer à fond avec Jules Renkin et Léon de Lantsheere dans le mouvement ouvrier chrétien alors à ses débuts. Il fait partie du groupe Maison des Ouvriers et, dès la promulgation de l’encyclique Rerum Novarum (13 mai 1891) participe au mouvement démocrate chrétien. Dans cette optique, il lance L’Avenir Social, puis, La Justice Sociale (1895, 1896) et, tout naturellement, s’engage dans un combat politique destiné à faire triompher les idées généreuses et sociales qui sont les siennes.
Conseiller communal à Saint-Gilles Bruxelles dès 1895, il devient à vingt-sept ans, le 12 juillet 1896, membre de la Chambre des Représentants. Fait absolument exceptionnel dans l’histoire politique belge, il restera député sans interruption jusqu’à son décès cinquante-cinq ans plus tard.
Au Parlement, il fait preuve de cette éloquence, de cette élégance et de cette maîtrise de soi qui l’ont déjà distingué au barreau. Il s’intéresse aux questions sociales, politiques, économiques et prend la parole dans tous les grands débats du Parlement à l’aube du XXe siècle, et qui aboutiront au vote des lois sur les associations sans but lucratif, sur les sociétés anonymes, sur le repos dominical, l’instruction obligatoire, la personnification civile des universités, les accidents du travail, les allocations familiales et le service militaire personnel.
Ses interventions dans les débats qui allaient se terminer par la cession par Léopold II du Congo à la Belgique furent déterminantes.
On sait que l’administration de l’Etat Indépendant avait été fort critiquée, en Angleterre surtout (Rapport Casement, campagne de la Reform Association). Certains milieux belges, impressionnés par ces campagnes de dénigrement, avaient à leur tour émis de violentes critiques contre l’œuvre du Souverain. Le 20 février 1906, le député Vandervelde avait interpellé le Gouvernement sur les inconvénients pour la Belgique du régime d’union personnelle entre les deux états.
Intéressé dès l’enfance par son milieu familial à l’œuvre colonisatrice de la Belgique, correspondant lui-même sur la question avec le vicaire apostolique à Brazzaville et avec le futur maréchal Lyautey, Henry Carton de Wiart possédait une importante documentation personnelle sur le Congo. Le 1er mars 1906, il prend au Parlement la parole avec autant d’éloquence que d’habilité demandant aux Belges d’attendre comme le faisait le Parlement britannique et de ne pendre aucune décision au sujet du Congo tant que ne seraient pas connues les mesures que proposerait le Conseil des Réformes constitué par Léopold II. Il terminait cependant en invitant l’Etat Indépendant à mettre fin avec énergie aux abus.
Le débats sur la reprise du Congo par la Belgique durèrent plusieurs semaines. Le 14 décembre 1906, Carton de Wiart plaide avec vigueur pour la reprise. Au cours des quarante-quatre séances consacrées à cette éventuelle mesure, Henry Carton de Wiart prit le parole à diverses occasions notamment les 17 et 29 juillet 1908. L’annexion fut enfin votée le 20 août 1908.
Mais l’œuvre législative la plus marquante d’Henry Carton de Wiart est certainement la loi sur la protection de l’enfance du 15 mai 1912, qui portera son nom. Elle substitue à la notion de répression des mineurs délinquants celle de leur éducation et de leur redressement. Son épouse le seconda avec énergie dans cette œuvre sociale se consacrant à temps plein aux œuvres de l’enfance.
En 1906, un long voyage aux Etats-Unis, où se réunit la XXIIe Conférence Interparlementaire à Saint-Louis, met Henry Carton de Wiart en contact avec nombre de parlementaires européens et américains et lui donné l’occasion de connaître divers aspects de la grande république américaine qui influera bientôt de manière si profonde sur les destinées du vieux monde. Cela permettra au député belge d’effectuer aux Etats-Unis au début de la Grande Guerre une mission très fructueuse pour son pays.
Secrétaire de la Chambre des Représentants de 1902 à 1911, Henry Carton de Wiart avait dû renoncer jusqu’alors à toute fonction ministérielle vu la présence de son frère Edmond au Palais royal où il exerçait les fonctions de secrétaire de Léopold II. Le décès du Souverain et l’entrée d’Edmond Carton de Wiart à la Société Générale permirent à son frère aîné de faire enfin partie d’un gouvernement belge après quinze ans d’une vie parlementaire qui lui avait apporté toute l’expérience nécessaire. Il fut nommé ministre de la justice le 17 juin 1911 dans le cabinet mis sur pied par le baron de Broqueville. Il devait le rester jusqu’au 21 novembre 1918, à Bruxelles d’abord, au Havre ensuite, lorsque l’invasion allemande d’août 1914 forcera le Gouvernement à se replier en France.
Dès le début de ses nouvelles fonctions, Henry Carton de Wiart eut à régler le délicat problème posé par les dispositions financières du testament de Léopold II contestées par ses filles. Il fait ensuite voter une loi octroyant la personnification civile aux Universités de Louvain et de Bruxelles et une loi interdisant le travail de nuit aux femmes employées dans l’industrie (10 août 1911). Son œuvre législative la plus importante demeure cependant, nous l’avons dit, la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l’enfance dite loi Carton de Wiart qui institua des tribunaux pour enfants, autorisa le pouvoir judiciaire à déchoir de la puissance paternelle les parents indignes et prévit au lieu de peines de prison des mesures de garde et d’éducation pour les mineurs délinquants. Le roi Albert félicita dans une lettre du 16 mai 1912 son ministre de la justice pour « l’excellente loi que le pays doit à votre initiative éclairée… Cette législation marque un vrai progrès dans exercice de notre justice et sera pour vous un bien beau titre à la reconnaissance publique ».
Un prix Carton de Wiart créé pour commémorer cette réforme est décerné chaque année au Palais de Justice de Bruxelles à un mineur qui fut délinquant mais s’est par la suite reclassé dans la société.
Le 2 août 1914, Henry Carton de Wiart participe au Palais Royal à la réunion du gouvernement présidée par le Roi pour décider de la réponse à faire à l’ultimatum allemand. Il rédige la fière réponse de la Belgique. La minute, écrite de sa main, existe toujours.
Le 29 août 1914, Carton de Wiart est chargé par le Roi de présider et de conduire aux Etats-Unis une mission extraordinaire composée, outre lui-même, des ministres d’Etat Hymans et Vandervelde. Cette mission doit exposer au président Wilson et aux autorités américaines le rôle et la situation exacte de la Belgique dans la guerre et éveiller l’attention et la sympathie de l’opinion sur le sort désastreux de la Belgique afin que celle-ci soit aidée sans retard pour le ravitaillement de sa population. Dès son arrivée, la mission doit affronter une campagne hostile orchestrée par les milieux germanophiles très puissants aux Etats-Unis, mais elle n’en fut pas moins reçue le 15 septembre par le président Wilson puis dans de nombreuses villes américaines où elle plaide avec succès la cause de la Belgique envahie. Elle combattit avec efficacité le neutralisme des autorités américaines. Le 30 septembre, elle se rembarque pour l’Europe.
Au Havre, Henry Carton de Wiart se consacre plus spécialement à l’accueil des réfugiés belges et à celui des combattants lors de leurs brèves permissions. Il veille aussi au ravitaillement des prisonniers belges en Allemagne et à la propagande belge dans les pays alliées ou neutres. En juin 1918, il est chargé de conduire en Italie une mission dans le but de resserrer les liens entre les deux pays et de préparer les voies à de nouveaux rapports économiques. Il visite le front italien en pleine bataille de la Piave, est reçu longuement par le roi Victor Emmanuel III et le pape Benoît XV.
Lors de l’armistice du 11 novembre 1918, la Belgique est déjà partiellement libérée et le gouvernement Cooreman qui a succédé quelques mois plus tôt au cabinet de Broqueville, décide de démissionner pour permettre au Roi de constituer un nouveau ministère comprenant des Belges ayant vécu l’occupation. Henry Carton de Wiart est parmi les ministres démissionnaires, le 14 novembre 1918.
La retraite politique de l’ancien ministre de la justice fut brève. Nommé Ministre d’Etat le 21 novembre 1918 puis premier vice-président de la Chambre au début de 1919, il accepte, en mars 1919, à la demande pressante du Roi, de représenter la Belgique à La Haye. Les relations entre les deux pays posent en effet au lendemain de la guerre de nombreux problèmes délicats à résoudre dont celui de la libre navigation sur les eaux de Zélande vers Anvers. Cette mission terminée, Henry Carton de Wiart, qui, n’avait accepté ce poste diplomatique que par déférence pour le Roi, présente sa démission. Elle fut acceptée en termes aussi aimables qu’élogieux par le Souverain (lettre du 14 septembre 1919).
Un an plus tard, le 4 novembre 1920, le gouvernement Delacroix doit se retirer. Le 8 novembre, Albert Ier demande à Henry Carton de Wiart comme un service à rendre au pays et « comme un service d’ami » de former le nouveau gouvernement. Le ministre d’état accepte pour mener à bien la difficile révision constitutionnelle.
Le ministère Carton de Wiart gouvernera la Belgique durant treize mois, le temps de négocier et de faire voter la révision de la Constitution. Celle-ci règle entre autres le statut du Sénat, la durée des législatures et la composition de l’électorat communal. La réforme votée, Henry Carton de Wiart demande au Roi de dissoudre les Chambres et les élections ont lieu le 21 novembre 1921. Elles renforcent considérablement le parti catholique. Considérant que son programme gouvernemental est dès lors accompli et fatigué par le travail considérable réalisé pendant ses treize mois de gouvernement, Carton de Wiart remet au Souverain le démission du cabinet. Malgré les instances du Roi le premier ministre maintint sa décision. La démission fut finalement acceptée le 4 décembre 1921.
Quelques jours plus tôt (14 novembre 1921), le Roi avait, pour reconnaître ses mérites, concédé à Henry Carton de Wiart le titre de Comte.
Redevenu simple député, l’ancien premier ministre fait voter une loi sur la prévention à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle, une loi sur l’abandon de famille, une loi sur la protection des monuments et paysages et enfin une loi instaurant les allocations familiales.
Au barreau, il reprend activement sa profession d’avocat et est porté par ses pairs à la présidence de la Fédération des Avocats belges. Il est chargé de plusieurs arbitrages internationaux. Ses voyages lui permettent de donner à l’étranger de nombreuses conférences pour mieux faire connaître la Belgique.
En juin 1922, il entreprend un voyage de quatre mois au Congo encore si peu connu des hommes politiques belges et, à son retour, il préconise une intégration progressive des noirs instruits à l’œuvre administrative de la Belgique, le développement de l’enseignement technique pour les Africains, celui des voies de transport et de l’équipement industriel. C’est lui qui rédige l’accord intervenu entre le gouvernement de la métropole et les missions.
A son retour d’Afrique il fut installé le 22 novembre 1922 en même temps qu’Edouard Bénès, docteur honoris causa de l’Université de Strasbourg, il est, à la même époque l’un des fondateurs (1920) des Grandes Conférences Catholiques souhaitées par le cardinal Mercier et qui eurent une influence si profonde sur l’évolution intellectuelle de la société bruxelloise.
Ses nombreux voyages à l’étranger attachent de plus en plus Henry Carton de Wiart à la politique internationale. Délégué permanent de la Belgique à la Société des Nations (Arrêté Royal du 10 janvier 1934), il passe chaque année de long séjours à Genève. Il y avait présidé déjà plusieurs conférences internationales dont l’importante conférence de 1925 réunie pour mettre sur pied un accord universel sur le trafic des armes, des munitions et armements.
En 1928, il entre au Conseil Interparlementaire, à Berlin et en deviendra l’actif président de 1934 à 1947.
Après une éclipse de plus de dix ans, il revient au gouvernement en décembre 1932 dans le second cabinet présidé par le comte de Broqueville en qualité de ministre du travail, de la prévoyance sociale et de l’hygiène. Il le demeure jusqu’en janvier 1934. Quelques mois plus tard il fut choisi pour conduire à Paris la mission extraordinaire chargée d’annoncer officiellement au président Lebrun l’avènement du roi Léopold III, mission qu’il ne put, au dernier moment, remplir pour cause d’une grave maladie.
Durant les dernières années qui précédèrent la guerre de 1914, il partage son temps entre ses fonctions de délégué permanent de la Belgique à Genève et son œuvre d’écrivain, publiant de nombreux ouvrages d’histoire, des romans historiques, des récrits de voyage, des études de caractère social au juridique et en se plongeant dans la rédaction de ses Souvenirs politiques.
Membre de l’Académie Royale de Belgique, de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, membre effectif de l’Institut de France où il occupe le fauteuil laissé vacant par le décès du Roi Albert, membre des Académies de Montpellier, de Rouen, de Toulouse, de Naples et de Coïmbre, Docteur Honoris Causa Universités de Louvain et de Strasbourg, président enfin de l’Association Internationale de Droit Pénal.
Le 13 mai 1940, le premier ministre Pierlot demande à Henry Carton de Wiart de suivre le gouvernement en sa qualité de ministre d’état représentant le parti catholique. Il participe à Ostende à diverses réunions du conseil de cabinet restreint puis se rend au Havre avec d’autres ministres et enfin à Poitiers où se regroupe le gouvernement belge. Il assiste au conseil ministériel élargi qui se tint le 27 mai 1940 à l’ambassade de Belgique à Paris, puis, le 31 mai à la réunion des parlementaires belges – une centaine de députés et une soixante de sénateurs – à Limoges. Il réussit à faire écarter le vote de la déchéance du roi Léopold mais, dans l’ignorance des circonstances exactes de la capitulation du 28 mai, il s’associe toutefois à la résolution « flétrissant la capitulation dont Léopold III a pris l’initiative… ».
Rentré en Belgique le 12 juillet, il exprime bientôt au Roi « mon amer regret, ayant été induit en erreur sur le véritable caractère de la capitulation du 28 mai, d’avoir, comme mes collègues, mal apprécié cette décision et m’être associé à des appréciations blessantes et injustes ».
Après la Libération, son rôle dans le déroulement de la Question Royale fut de premier plan. Il se rend à Prégny et plaide la cause du Roi dans de nombreux meetings.
Les élections du 4 juin 1950 donnent au parti social chrétien le majorité absolue dans les deux Chambres et ce fut le gouvernement Duvieusart où Henry Carton de Wiart occupe à nouveau – il a plus de quatre-vingts ans – la poste de ministre de la justice.
Ce fut le retour du Roi le 22 juillet 1950 suivi bientôt d’une agitation grandissante dans certaines couches de la population. Comme le Roi, il avait été péniblement impressionné par la majorité relativement faible obtenue par le Souverain lors de la consultation du 12 mars 1950. Au conseil de cabinet du 28 juillet, avec plusieurs ministres, il laisse entrevoir comme souhaitable une délégation provisoire ou définitive des pouvoirs royaux au Prince Héritier. Le gouvernement informa, le 1er août, le Roi de son accord sur cette délégation. Duvieusart assurant ne plus pouvoir maintenir l’ordre en cas de refus du Souverain, le ministre de la justice se solidarisa avec le chef du gouvernement et celui-ci obtint l’accord du Roi sur la délégation des pouvoirs royaux au prince Baudouin.
Henry Carton de Wiart passa les derniers mois de sa vie à rédiger le second tome de ses Souvenirs Politiques. Il y était occupé lorsque au début de mai 1951 un mal subit l’obligea à se faire hospitaliser. Le 6 mai 1951, il s’éteignit à la clinique des Deux Alice à Uccle, faisant preuve jusqu’au bout d’une admirable lucidité et d’une profonde foi chrétienne.
Yves Schmitz – Biographie Nationale.
Bruxelles, Palais de la Nation.