de TROOZ, Écuyer Jules, H.-M.-G.
Né à Louvain, le 21 février 1857, décédé à Bruxelles, le 31 décembre 1907.
Premier Ministre, 1907.
Ministre de l'Intérieur, 1899-1907.
Membre de la Chambre des Représentants.
Chevalier de l'Ordre de Léopold, Croix Spéciale des Mutualistes, Médaille Commémorative du Règne de Léopold II.
Grand Croix de l'Ordre du Sauveur de Grèce, de l'Ordre de l'Aigle Rouge de Prusse, de l'Ordre du Double Dragon de Prusse, de l'Ordre du Lion et du Soleil de Perse et de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie, Grand Officier de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France, Commandeur de l'Ordre Pontificial de Saint-Sylvestre, de l'Ordre du Christ de Portugal et de l'Ordre du Wasa de Suède, Chevalier de l'Ordre Pontificial du Pie et Croix Pro Ecclesia et Pontifice.
de TROOZ, Jules, homme politique, né à Louvain, le 21 février 1857, mort à Bruxelles le 31 décembre 1907. Fils d’un lieutenant-colonel de cavalerie, ses études eurent un caractère privé. Dès l’âge de vingt ans, il s’occupa d’œuvres politico-sociales et présida la Jeune Garde Catholique de sa ville natale. Son entrée au conseil provincial du Brabant en mai 1883, à la Chambre comme représentant de l’arrondissement de Louvain le 26 décembre 1889, au conseil communal de Louvain en novembre 1895, tels furent ses premiers pas dans la vie publique. En cette même année 1895, il devenait secrétaire de l’Association Catholique de Louvain.
Massif de carrure, de Trooz présentait un aspect physique robuste ; l’œil vif, la barbe en éventail, donnaient à sa physionomie un caractère très personnel. Son aptitude au travail, son éloquence un peu facile, son habileté dans l’art de la riposte le mirent bientôt en vedette. Il fut rapporteur du projet Vandenpeereboom sur l’instauration du régime de la représentation proportionnelle dans notre législation électorale. On sait quelle irritation ce projet provoqua dans le pays. Après l’effondrement du cabinet Vandenpeereboom, une seconde combinaison de Smet de Naeyer fut chargée de ramener le calme dans les esprits. De Trooz y occupa le poste de ministre de l’Intérieur et de l’Instruction Publique (5 août 1899) .
Plusieurs initiatives du cabinet rencontrèrent l’appui vigoureux du nouveau ministre, notamment, la représentation proportionnelle intégrale (1899) et la loi militaire dite du volontariat (1902). Lors des sanglantes manifestations d’avril 1902 en faveur du suffrage universel, il mobilisa toute la gendarmerie et réprima les troubles avec un grand esprit de décision. Il fit preuve d’activité et de sens pratique dans la réorganisation de la garde civique et dans l’élaboration de la loi facilitant le droit d’appel des employés communaux auprès de l’autorité centrale.
De Trooz fut-il homme de parti ? Ses adversaires lui ont fait le reproche de nommer trop souvent des bourgmestres contre la volonté des conseils communaux, de multiplier les écoles libres au point de devenir « le désorganisateur de l’enseignement public » (Etoile Belge). Néanmoins, il ne fut pas considéré comme « sectaire » (Indépendance Belge). Et lorsque le cabinet de Smet de Naeyer tomba, le 12 avril 1907, sous le poids des difficultés issues des délibérations concernant la reprise du Congo par la Belgique, ce fut tout naturellement à de Trooz que l’on pensa pour arranger les choses en homme positif et énergique, fidèle à sa devise loco et tempore. Il fut nommé chef de cabinet le 2 mai 1907. Mal accueilli par l’opposition, de Trooz se préoccupa essentiellement de réaliser « l’union indéfectible de la droite » (ce sont ses propres paroles). Resté en dehors des querelles entre le groupe Woeste et la jeune-droite, il avait introduit dans sa combinaison deux représentants de la droite évoluée, Renkin et Helleputte, ce qui signifiait la réconciliation avec la Ligne Démocratique. Comme chef du gouvernement, de Trooz contint sa fougue naturelle et accentua la bonhomie courtoise dont il savait si bien user envers ses adversaires comme envers ses amis. Il fit de grands efforts pour vaincre l’opposition des Chambres à certaines dispositions du traité de cession du Congo à la Belgique. Malheureusement, cet homme d’action était miné par le diabète et l’albuminurie. Il usa ses dernières forces au cours des pénibles débats parlementaires qui caractérisèrent l’année 1907. Soudain, son était s’aggrava et il expira dans la nuit du 31 décembre 1907. Ses funérailles solennelles et son inhumation à Heverlee eurent lieu le 6 janvier 1908, par un froid exceptionnellement rigoureux.
Sans qu’il puisse être considéré comme une figure nationale, de Trooz fit honneur au monde politique belge de la fin du XIXe siècle ; il mérita spécialement l’estime et la reconnaissance de son parti.
Frans van Kalken - Biographie Nationale