GOBLET d'ALVIELLA, Comte Albert-Joseph.

Né à Tournai le 26 mai 1790, décédé à Bruxelles, le 5 mai 1873.

 

Lieutenant-Général du Génie.

Ministre d'État.

Ministre des Affaires Étrangères, 1832-1833, 1843-1845.

Ministre de la Guerre, 1831-1832.

Aide de Camp du Roi Léopold I, 1831-1854.

Inspecteur-Général du Génie, 1831-1854.

Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire près des Cours Royales de Dresde et de Hanovre, des Cours Ducales de Saxe-Cobourg-Gotha, de Saxe-Altenbourg, de Saxe-Meningen, de Saxe-Weimar, de Mecklembourg et d'Oldenbourg et des Villes Libres de Brême, de Lubeck et de Hambourg, 1839-1854.

à Portugal, 1837.

en Allemagne, 1834.

 

Commandeur de l'Ordre de Léopold, Croix Commémorative 1856.

Grand Croix de l'Ordre du Mérite Civil et de l'Ordre de la Branche Ernestine de Saxe, de l'Ordre de Saint-Michel de Bavière, de l'Ordre du Mérite et de la Maison d'Oldenbourg, de l'Ordre de l'Aigle Rouge de Prusse, de l'Ordre de Saint-Benoit d'Aviz de Portugal et de l'Ordre de l'Étoile Polaire de Suède, Grand Officier de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie, Commandeur de l'Ordre de la Légion d'Honneur et Médaille de Sainte-Hélène de France.

Capitaine en Premier dans l'Armée Impériale Française, a participé aux expéditions en Portugal (1812-1813) et en Espagne (1813-1814).

Lieutenant dans l'Armée Hollandaise, à participé à la Bataille de Waterloo, 1815.

A participé à la Révolution de 1830.

 

 

Les services que le comte Goblet d’Alviella a rendus à la Belgique dans les premières années de sa constitution en nation indépendante, ont été des plus précieux. Son dévouement à la cause nationale s’est manifesté comme militaire-patriote d’abord, puis comme diplomate. Le titre comte d’Alviella lui fut conféré en 1838 par la Reine Dona Maria de Portugal, en suite d’une mission extraordinaire qu’il remplit près de cette souveraine et dont il s’acquitta de la manière la plus brillante.

Albert-Joseph, comte Goblet d’Alviella naquit à Tournai, le 26 mai 1790. Il débuta dans la carrière militaire, à l’âge de 19 ans, sous les Aigles françaises. Admis comme élève à l’école polytechnique, le 28 septembre 1809, il se distingua tout d’abord par son esprit sérieux et réfléchi. Le 1er octobre 1811, il reçut le brevet de lieutenant du génie à l’école d’application de Metz. Lieutenant en second dans un bataillon de sapeurs, le 21 août 1812, il fut dirigé sur le Portugal et y fit la campagne de cette année. Passé à l’armée d’Espagne, en 1813, il assista à la bataille de Vittoria et y combattit avec une bravoure remarquable. Il fit ensuite partie de l’héroïque garnison qui, sous les ordres du général Rey, défendit Saint-Sébastien avec tant de vaillance, et y reçut la croix de la Légion d’Honneur. Cette ville forte, située dans la capitainerie de Guipúzcoa et bâtie dans un îlot du golfe de Gascogne, ne se rendit que lorsqu’elle n’eût plus un seul boulet à envoyer à l’ennemi. Goblet, dans la conduite pendant ce siège avait été des plus brillantes, fut cité dans un rapport fait au ministre de la guerre par le général commandant supérieur de Saint-Sébastien, rapport inséré au Moniteur Officiel du 5 août 1813, comme s’étant particulièrement distingué le 25 juillet 1813, lors de l’assaut livré par les Anglais au corps de place de cette forteresse et qui fut victorieusement repoussé. Le brave Goblet, qui avait été promu au grade de lieutenant à l’état-major du génie, le 1er juillet de cette année, reçut la mission de se rendre en France, après la capitulation de Saint-Sébastien, pour porter la nouvelle de la reddition de cette place au duc de Dalmatie. Il dût à cette circonstance d’échapper aux pontons anglais sur lesquels ses compagnons de gloire et d’infortune furent tous internés. Nommé capitaine en second le 6 août 1814, et capitaine en premier le 17 du même mois, Goblet prit encore part à la bataille d’Orthez, petite ville située près du gave de Pau, dans le département des Basses-Pyrénées et près de laquelle le maréchal Soult fut vaincu par Wellington.

L’empereur Napoléon ayant été relégué à l’île d’Elbe, le capitaine Goblet donna sa démission qui fut accueillie le 16 février 1815. Dès le 27 janvier de cette année, il était entré au service des Pays-Bas, avec le grade de lieutenant et le rang de capitaine en second ; il se trouva à Waterloo où sa bravoure lui mérita la croix de chevalier de l’Ordre de Guillaume, qui lui fut décernée le 11 août.

Chargé, en 1816, des travaux de défense de Nieuport et de Menin, il coopéra à l’érection de plusieurs forteresses et obtint successivement les grades de capitaine en second, le 19 août 1817 et de capitaine en premier, le 22 juillet 1822. Ce fut à la fin de 1824 que le capitaine Goblet débuta dans la carrière diplomatique, en accompagnant le prince d’Orange dans son excursion en Russie. Il était rentré dans sa patrie depuis cinq ans, lorsque la Belgique se souleva contre la Hollande et se déclara indépendante.

Le 15 octobre 1830, le capitaine Goblet vint se ranger sous la bannière nationale, et fut nommé d’emblée colonel et directeur-général du génie, par arrêté du gouvernement provisoire. Investi des fonctions de commissaire général de la guerre, le 30 du même mois, le colonel Goblet fut élevé au rang de général-major le 31 janvier 1831. Chargé du portefeuille du département de la guerre du 26 février au 24 mars de cette année, le général Goblet quitta le ministère à la dissolution du cabinet et reprit les fonctions de directeur-général du génie. Nommé successivement commandant en chef du génie de l’armée active, puis inspecteur-général des fortifications et du corps de génie, le général Goblet, dont la grande science et l’éclatant mérite avaient depuis longtemps attiré l’attention du roi, reçut l’honorable et délicate mission de représenter le roi auprès de la conférence de Londres. Il suffit de jeter les yeux sur la correspondance de Léopold Ier, pour apprécier en quelle estime le roi tenait le général-diplomate. Les négociations auxquelles le général Goblet se trouva mêlé, étaient des plus importantes pour notre jeune nationalité et il s’acquitta avec tant d’intelligence et de dévouement de sa mission, que le roi, voulant récompenser les éminents services qu’il avait rendus dans cette circonstance, le nomma son aide de camp, par arrêté royal du 22 septembre 1831. A son retour de Londres, le général Goblet reprit le commandement en chef du génie de l’armée active, mais les nécessités de la politique le rappelèrent bientôt comme plénipotentiaire du roi près de la conférence, où il séjourna en 1832 et en 1833, défendant avec beaucoup de talent et de zèle les intérêts de la Belgique. Le 17 septembre 1832, le général Goblet avait été nommé Ministre d’Etat ; le lendemain il avait pris la direction du département des affaires étrangères et il exerça ensuite pendant trois mois, à partir du 18 mai 1833, les fonctions de ministre de la guerre, par intérim. Créé chevalier de l’Ordre de Léopold le 15 décembre 1833, il obtint sa démission de ministre des affaires étrangères le 27 du même mois, et fut nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, attaché à la cour de Berlin, depuis le 1er février jusqu’au 31 mai 1834. Promu à la dignité de lieutenant-général, par arrêté royal du 5 juillet 1835, il continua de remplir les fonctions d’inspecteur-général des fortifications et du corps du génie et ne les quitta que lors de sa mise à la retraite.

Officier de l’Ordre de Léopold le 30 juin 1837, le général Goblet remplit successivement un grand nombre de missions diplomatiques. C’est ainsi qu’il fut attaché, comme ministre plénipotentiaire, à la cour de Lisbonne, du 22 juin 1837 au 1er septembre 1838 et qu’il reçut à cette occasion des lettres patentes de noblesse, avec le titre de comte d’Alviella. Le lieutenant-général comte Goblet d’Alviella fut ensuite envoyé, du 15 juillet au 13 novembre 1839, comme ministre plénipotentiaire près des cours royales de Dresde et de Hanovre, puis successivement accrédité près des cours ducales de Saxe-Cobourg Gotha, de Saxe-Altenbourg et de Saxe-Meningen, ainsi que près des cours grand ducales de Saxe-Weimar, de Mecklembourg et d’Oldenbourg et de villes libres de Brême, de Lubeck et de Hambourg. Nommé de nouveau ministre des affaires étrangères, du 6 avril 1843 au 30 juillet 1845, le comte Goblet d’Alviella fut élevé au rang de commandeur de l’Ordre de Léopold, le 28 juillet 1849, comme témoignage spécial de la satisfaction du roi et en récompense des services qu’il avait rendus.

Admis à la pension de retraite le 14 mars 1854, le général Goblet profita de ses loisirs pour publier plusieurs ouvrages historiques des plus remarquables et des plus importants.

Le lieutenant-général comte Goblet d’Alviella s’éteignit à Bruxelles, à l’âge de 83 ans, le 5 mai 1873.

 

La Belgique Militaire.