GREINDL, Comte Jules, X.-C.-J.-L.

Né à Mons, le 7 septembre 1835, décédé à Forest, le 30 juillet 1917.

 

Ministre d'État.

Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire en Allemagne, 1889-1912.

en Portugal, 1882-1888.

en Mexique, 1876-1882.

en Espagne, 1873-1877.

auprès la Confédération de l'Allemagne, 1870-1872.

en Grèce et en Turquie, 1867-1870.

en Suisse, 1866-1867.

 

Grand Croix de l'Ordre de Léopold, Croix Civique de 1re Classe, Médaille Commémorative du Règne de Léopold II.

Grand Croix de l'Ordre de Philippe le Magnanime de Hesse-Darmstadt, de l'Ordre du Lion de Zaehringen et de l'Ordre de Berthold de Zaehringen de Bade, de l'Ordre du Faucon Blanc de Saxe-Weimar, de l'Ordre de la Couronne de Fer d'Autriche, de l'Ordre de Saint-Michel de Bavière, de l'Ordre d'Albert l'Ours d'Anhalt, de l'Ordre de la Maison et pour Mérite d'Oldenbourg, de l'Ordre du Sauveur de Grèce, de l'Ordre de la Villa Vicosa et de l'Ordre du Christ de Portugal, de l'Ordre de l'Aigle Rouge et de l'Ordre de la Couronne de Prusse, de l'Ordre de la Branche Ernestine et de l'Ordre d'Albert le Valeureux de Saxe, de l'Ordre de l'Étoile Polaire de Suède, de l'Ordre de Frédéric et de l'Ordre de la Couronne de Wurtemberg, de l'Ordre de Charles III d'Espagne, de l'Ordre du Midjidié de Turquie et de l'Ordre de la Couronne de Roumanie, Croix d'Honneur de 1re Classe de l'Ordre Princier d'Hohenzollern, Grand Commandeur de l'Ordre de la Couronne de Bavière, Grand Officier de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France et de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie.

 

 

GREINDL, Jules-Xavier-Charles-Joseph-Léonard, baron, puis comte, diplomate, né à Mons le 7 septembre 1835, décédé à Forest le 30 juillet 1917.

Greindl était le fils du général Léonard Greindl qui fut ministre de la guerre en 1854. Déjà dans ses brillantes études secondaires, Greindl manifestait un don remarquable pour les langues et le dessin. Si son père n’avait fait sentir son autorité, il se serait consacré aux arts plastiques ; une fois son doctorat en droit conquis à l’Université de Gand, il s’orienta vers la carrière diplomatique, dont il passa l’examen en 1855 avec le plus grande distinction. Mais cette belle intelligence, à la fois minutieuse, claire et synthétique, allait connaître beaucoup de loisirs dans un métier qui avait été choisi davantage par obligation que par goût : Greingl continuerait donc d’apprendre les langues (il en connaîtrait seize, dont l’arabe, le russe et le tartare), et de sculpter (certaines de ses œuvres figurèrent à diverses expositions).

Il fit ses écoles de jeune diplomate à Rome, Constantinople, Paris, Saint-Pétersbourg et Berne, mais c’est dans la capitale ottomane, en 1860, qu’une rencontre fortuite orienta une bonne part de sa vie. Le Duc de Brabant visitait le Proche-Orient, Greindl fut attaché à sa personne, et dès lors, le futur souverain distingua en lui, pour sa politique d’expansion, un collaborateur sûr et efficace. Devenu Roi, il le fit nommer en 1867 ministre à Constantinople, ne put empêcher son transfert en 1870, puis, le poste ayant été supprimé en 1871, l’utilisa dans une des premières grandes entreprises que lui inspira sans arrêt sa volonté de « compléter la Patrie  » : le projet d’acquisition des Philippines. Directeur du commerce et des consulats, Greindl négocia un nouveau traité avec la France et consacra beaucoup de peines aux plans royaux, sans trop croire lui-même à leur possibilité de réalisation ; nommé ministre à Madrid, il ne tarda pas à se convaincre que le gouvernement espagnol ne lâcherait les Philippines à aucun prix.

Cet échec dont il n’était pas responsable et qu’il avait toujours prévu n’entama en rien la confiance royale : en 1876, au lendemain de la Conférence Géographique , Léopold II le rappela à Bruxelles, obtint sa mise en disponibilité et lui confia le secrétariat général de l’Association Internationale Africaine. C’est à Greindl que revient le mérite historique d’avoir, en janvier 1878, pris avec Sanford le train pour Marseille, afin d’y rencontrer Stanley et de proposer à l’illustre explorateur de passer au service du roi. Jusqu’à la fin de l’année, il collabora, activement, aux débuts d’une œuvre africaine qui, dans son for intérieur, ne lui inspirait pas une confiance totale : c’est ainsi qu’il demanda au roi de lui rendre sa liberté, et qu’il fut remplacé en 1879 par le général Strauch. Cette même année, redevenu diplomate, il alla renouer à Mexico les relations qui avaient été rompues depuis l’aventure de Charlotte et Maximilien, puis passa huit années comme ministre à Lisbonne. Contre son attente, les affaires congolaises vinrent bientôt l’y relancer : le traité anglo-portugais de 1883, puis le Congrès de Berlin allaient faire de Lisbonne une légation de première importance. Enfin, Lambermont, avec qui il avait toujours vécu en étroite amitié et communion d’idées, lui confia un poste où il allait pouvoir donner toute sa mesure : celui de Berlin. Il y passa vingt-quatre années, entouré du respect et de la considération de tous. C’est trop peu de dire que la Légation de Berlin fut gérée par lui avec maîtrise, sûreté et doigté, et qu’en partie grâce à lui les rapports germano-belges devinrent, dans tous les domaines, exellents ; doyen de la diplomatie belge, héritier spirituel de Lambermont, le ministre des affaires étrangères ne cessa de voir en lui l’oracle infaillible, le conseiller avisé auquel, constamment, on avait recours. Ses rapports restent des modèles d’exactitude nuancée et d’élégante concision.

A cet égard, un coup injuste et amer devait le frapper après sa retraite, en 1915, quand les allemands se mirent à fouiller les archives de la rue de la Loi , et à publier des rapports de Greindl et de ses collègues, tendancieusement choisis et tronqués. Les diplomates belges, avant 1914, étaient des neutres, des observateurs objectifs qui ne pouvaient devenir qu’un jour, le destin placerait la Belgique dans un camp déterminé ; dans leurs notes, des passages séparés de leur contexte ne pouvaient manquer de servir, bien involontairement, la propagande de guerre du Reich. C’est ainsi que, malgré les mises au point loyales du gouvernement du Havre, la figure irréprochable et impeccable de Greindl prit un visage unilatéral qu’il est facile de détruire aujourd’hui, en consultant ses rapports dans leur texte complet.

Ce bon serviteur du pays prit sa retraite en 1912, chargé d’ans et d’honneurs. Il était Ministre d’Etat depuis 1907, et le Roi Albert le fit comte en 1912. En 1914, l’agression allemande fut pour lui un coup terrible, comme pour tant de Belges distinguées qui, en neutres loyaux, n’éprouvaient qu’amitié pour nos voisins de l’Est. Agé de quatre-vingt-deux ans, il mourut le 30 juillet 1917, presque aveugle et douloureusement séparé de ses fils, qui faisaient leur devoir sur l’Yser.

 

Jacques Willequet – Biographie Nationale.