LE JEUNE, Jules, A.-L.
Né à Luxembourg, le 5 mai 1828, décédé à Bruxelles, le 18 février 1911.
Ministre d'État.
Ministre de la Justice, 1887-1894.
Membre de la Chambre des Représentants.
Bâtonnier de l'Ordre des Avocats à la Cour de Cassation.
Professeur Honoraire à l'Université de Bruxelles.
Commandeur de l'Ordre de Léopold, Croix Civique de 1re Classe, Croix Commémorative des Chémins de Fer, Médaille Commémorative du Règne de Léopold II.
Grand Croix de l'Ordre de la Couronne de Fer d'Autriche, de l'Ordre de la Couronne de Chêne de Luxembourg, de l'Ordre du Lion et du Soleil de Perse, de l'Ordre de la Branche Ernestine de Saxe et de l'Ordre du Christ de Portugal, Chevalier de l'Ordre de la Couronne d'Italie.
LEJEUNE, Jules-Ange-Ladislas, homme d’état, criminaliste et avocat, né à Luxembourg le 5 mai 1828, décédé à Bruxelles le 18 février 1911 et inhumé à Longlier (province de Luxembourg)
Il fit ses études supérieures à l’Université Libre de Bruxelles. Dès 1847, âgé de dix-neuf ans, il fut lauréat de l’Académie Royale de Belgique pour un mémoire consacré à l’histoire des institutions judiciaires en Belgique. Docteur en droit en 1851, puis docteur en sciences politiques et administratives, il devint agrégé en mai 1857, après avoir soutenu brillamment une thèse sur le droit des tribunaux de vérifier la légalité des actes administratifs. L’Université Libre le chargea de la suppléance du cours d’économie politique le 23 janvier 1860. Professeur extraordinaire pour le même enseignement en 1864, il se vit conférer le titre de professeur ordinaire honoraire le 19 août 1878.
Inscrit au barreau de Bruxelles, il y acquit en peu de temps une réputation exceptionnellement brillante par son talent oratoire joint à une profonde connaissance des affaires qu’il traitait. Avocat du département des finances en 1859, puis de celui des travaux publics, il entra au barreau de cassation dès 1860. Comme conseil du ministère des travaux publics, il représenta à plusieurs reprises le gouvernement à des congrès des chemins de fer.
Il fut nommé ministre de la justice le 24 octobre 1887 et demeura en fonction jusqu’au 17 mars 1894. En reconnaissance de ses éminents services, un arrêté royal du 28 mars 1894 lui conféra la dignité de Ministre d’Etat. Sénateur pour le Brabant en octobre de la même année, il siégea à la Haute Assemblée, jusqu’en juin 1900.
C’est son activité à la tête du département de la justice qui constitue l’essentiel de son œuvre. On lui doit la présentation de nombreux projets de lois dont certains, parmi les plus importants, furent immédiatement adoptés, tandis que d’autres sont à l’origine de réformes votées plus tard, spécialement sous ses successeurs Henri Carton de Wiart (1912-1918) et Emile Vandervelde (1918-1921).
Il se donna comme but de combattre la criminalité et la récidive en s’inspirant d’un esprit humain d’éducation et d’amendement. Ceci impliquait une adaptation du système pénal et pénitentiaire. Ses plus remarquables initiatives en cette matière furent d’abord la loi du 31 mai 1888 établissant la libération conditionnelle et les condamnations conditionnelles dans le système pénal (son œuvre capitale, appelée d’ailleurs « Loi Lejeune ») et ensuite la loi du 27 novembre 1891 pour la représentation du vagabondage et de la mendicité. En faisant adopter ces textes par le Parlement, Jules Lejeune dotait la Belgique d’une législation pénale et sociale d’avant-garde pour l’époque et qui s’inspirait dans une large mesure des idées du professeur Adolphe Prins, inspecteur général des prisons, dont le célèbre ouvrage Criminalité et Répression – Essai de Science pénale fut publié en 1886.
On relève encore dans l’œuvre législative du ministre Lejeune la loi du 30 juillet 1889 sur l’assistance judiciaire et la procédure gratuite, la loi sur l’assistance publique (qui porte la même date que celle sur le vagabondage : 27 novembre 1891), un projet déposé le 5 juillet 1889 sur l’application du régime cellulaire, un projet du 10 août 1889 sur la protection de l’enfance, qui, amendé, deviendra la loi du 15 mai 1912, sous le ministre Carton de Wiart, et enfin trois projets du 15 avril 1890 sur l’aggravation des peines de récidive, sur l’instruction des flagrants délits et sur l’organisation d’asiles spéciaux pour l’internement des aliénés criminels, des alcooliques et des détenus atteints de maladies graves.
Jules Lejeune s’est intéressée à tous les aspects de la lutte contre la criminalité et notamment au régime des détenus dans les prisons. Il a créé, le 15 mars 1894, la commission royale des patronages destinée à coordonner l’activité des comités de patronage dont, après le vote de la loi sur la libération conditionnelle, il avait suscité la réorganisation pour s’occuper des condamnés libérés.
Il joua un rôle de premier plan dans les travaux de nombreux congrès nationaux et internationaux et mettant son admirable éloquence au service d’un sens profond des problèmes humains. On note particulièrement ses interventions au « Congrès international pour l’étude des questions relatives au patronage des détenus et à la protection des enfants moralement abandonnés », tenu à Anvers le 9 octobre 1890, au troisième congrès internationale d’anthropologie criminelle de Bruxelles, en août 1892, au congrès de l’union internationale de droit pénal à Paris, en juin 1893, et enfin au congrès national des patronages, tenu à Mons le 16 décembre 1893. Il fut président ou membre de multiples associations philanthropiques au sein desquelles il manifesta son sens social, le souci de faciliter le reclassement des détenus libérés et, d’une manière générale, celui de protéger tous les faibles.
J. Dupréel – Biographie Nationale.