VILAIN XIIII, Vicomte Charles.
Né à Bruxelles, le 15 mai 1803, décédé à Leuth, le 16 novembre 1878.
Ministre d'État.
Membre du Congrès National.
Président de la Chambre des Représentants, 1870-1871.
Ministre des Affaires Étrangères, 1855-1856.
Gouverneur de la Province de Flandre Orientale, 1834-1836.
Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire auprès du Saint-Siège, 1832-1834, 1835-1839.
Grand Croix de l'Ordre de Léopold, Croix de Fer 1830.
Grand Croix de l'Ordre des SS. Maurice et Lazare de Sardaigne, de l'Ordre de l'Aigle Blanc de Russie, de l'Ordre du Sauveur de Grèce, de l'Ordre de la Villa Vicosa de Portugal, de l'Ordre du Lion et du Soleil de Perse, de l'Ordre de l'Étoile Polaire de Suède, de l'Ordre de Saint-Janvier de Naples, de l'Ordre de Léopold d'Autriche, de l'Ordre de Saint-Joseph de Toscanie, de l'Ordre du Midjidié de Turquie et de l'Ordre du Pie du Saint-Siège.
VILAIN
XIIII, Charles-Ghislain-Guillaume, Vicomte, homme d’état et diplomate, né à
Bruxelles, le 15 mai 1803, mort à Leuth, le 16 novembre 1878.
Fils
de Philippe-Louis, comte Vilain XIIII, et de Sophie-Zoé, baronne de Feltz, le
vicomte Charles-Ghislain fit ses études successivement au lycée de Bruxelles,
au collège Charlemagne à Paris, au collège des jésuites de Saint-Acheul et
à la faculté de droit de l’Université de Liège. Pour des raisons de
famille, il ne les acheva pas.
Le
21 mai 1822, il épousa, à Maastricht, la baronne Pauline de Billehé de
Valensart. Il s’établit au château de Leuth et fut, en 1825, admis dans
l’ordre équestre du Limbourg.
Partisan
du redressement des griefs, le jeune vicomte collabora bientôt, avec Jaminé et
Weustenraad, à l’Eclaireur de
Maastricht. Comme de Gerlache, il adhéra à l’union des oppositions
(1828) ; il entra en relations avec les chefs du libéralisme belge, écrivit
des articles dans le Courrier des Pays-Bas
et fit circuler parmi ses amis de la noblesse limbourgeoise une pétition en
faveur de la liberté de l’enseignement. Le prince d’Orange fit de vains
efforts pour le ramener à la cause des Nassau.
A
la révolution de 1830, le Gouvernement Provisoire lui confia le gouvernement du
Limbourg. Il fut élu député au Congrès National par le district de
Tongres-Maastricht. Le 10 novembre, il était nommé, avec les trois autres plus
jeunes membres de l’assemblée, secrétaire du bureau provisoire, puis, peu de
temps après, secrétaire du bureau définitif.
Le
vicomte Charles-Ghislain était, comme le plupart de ses collègues, ardent
patriote, homme loyal et désintéressé. Mais son éloquence naturelle, ainsi
que la clairvoyance et la hardiesse de ses conceptions, lui assurèrent bientôt
une place en vue au sein de notre premier parlement. Admirateur de Lamennais,
sans le suivre dans ses outrances, collaborateur à l’Avenir, il pratiquait les principes de tolérance et de liberté
absolue chers aux partisans du catholicisme-libéral.
Charles-Ghislain
Vilain XIIII adopta plusieurs fois une attitude très personnelle : au
cours de la discussion sur le futur mode de gouvernement, il déclara que la prérogative
essentielle de la monarchie ne pouvait être que l’hérédité et repoussa
l’inviolabilité de la personne royale comme un vain mot (19 novembre 1830) ;
il vota le principe d’une chambre unique, par crainte de voir les grand propriétaires
fonciers, ces « parias à manteau d’hermine », tenus à l’écart
des véritables délibérations de la représentation nationale (15 décembre) ;
mis en échec, il voulut qu’au moins les sénateurs fussent élus par le même
corps électoral que celui qui élirait les députés ; chaud défenseur de
la liberté de la presse, il n’admettait pas qu’un publiciste pût être
rendu responsabilité pour des écrits blessant soi-disant les « droits de
la société » (24 décembre) ; enfin, en application des principes
de la liberté de réunion et d’enseignement, il défendit, ainsi que son collègue
Andries, le droit des Saint-Simoniens d’ouvrir une salle de conférence à
Bruxelles (18 février 1831).
Au
point de vue de la politique extérieure, le vicomte Vilain XIIII se rallia au
groupe doctrinaire – hostile à toute intervention étrangère – dirigé par
Joseph Lebeau, et prit position contre la candidature Nemours. Il craignait
qu’une conflagration européenne ne fût le résultat de l’élection du
second fils de Louis-Philippe. In ne se serait résigné à se « jeter
dans les bras du peuple français » qu’en désespoir de cause, devant
une ligue pro-hollandaise des nations européennes. Le 29 janvier 1831, il vota
pour le duc de Leuchtenberg. Après l’effondrement du parti nemourien, il fut
au nombre des nonante-cinq députés qui proposèrent la candidature du prince Léopold
de Saxe-Cobourg (25 mai). A cette même époque, il soutint la politique du trio
Lebeau-Devaux-Nothomb, qui visait à résoudre le problème des limites dans un
sens favorable à
Bien
qu’il eût été élu député de Saint-Nicolas (il le fut de 1831 à 1836),
le vicomte se consacra spécialement à la carrière diplomatique. Nommé en
1832 envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près du Saint-Siège
et des autres cours d’Italie, il commença par remettre, le 13 septembre, au
président de
Nommé
gouverneur de
En
1855, lors de la démission du cabinet libéral Henri de Brouckere, Léopold Ier
fit appel à De Decker et au groupe catholique. Le vicomte Vilain XIIII occupa
dans ce ministère le poste de ministre des affaires étrangères (le 30 mars),
non comme homme de parti mais comme « élément essentiel destiné à représenter
dans le nouveau cabinet la politique traditionnelle du Congrès de 1830 »
(discours du premier, le 24 avril). Vilain XIIII avait toujours su conserver sa
belle indépendance d’esprit et en avait, peu auparavant, encore fourni une
preuve éclatante. Le célèbre chimiste Raspail, démocrate d’extrême-gauche,
à peine libéré de son emprisonnement à Belle-Ile, avait voulu se fixer à
Bruxelles (1853). Dans la crainte de tendre des rapports déjà difficiles entre
Au
début de 1856, les relations avec le Second Empire devinrent extrêmement
tendues. Le comte Walewski, ministre des affaires étrangères, avait chargé
Barrot, représentant de
Le
8 avril 1856, en séance plénière, Walewski avait invité les représentants
des puissances à appuyer les réclamations de
En
Belgique l’émotion fut grande. La fierté nationale, unie à une culte absolu
de la liberté, se révoltait contre les prétentions de Walewski. Sentant venir
l’orage, notre ministre des affaires étrangères s’était rendu en hâte à
Paris ; il avait vu Walewski, obtenu une audience de Napoléon III, plaidé
avec chaleur notre cause. Le 7 mai, le député Orts fit une interpellation à
L’agitation
contre la « loi des couvents » et la chute du cabinet De Decker, qui
en fut la conséquence en 1857, entraîna la retraite du vicomte Vilain XIIII.
Assez indifférent à l’égard du projet Nothomb, il s’était montré loyal
envers ses collègues et crâne comme à l’ordinaire. Lors des manifestations
de la foule devant les Chambres, il avait – voyant que le public s’en
prenait spécialement à la personne du nonce du Pape – pris le bras du prélat
et défilé, souriant, devant les pousseurs de huées.
Nommé
Ministre d’Etat, le vicomte Vilain XIIII ne joua plus qu’un rôle effacé à
Frans Van Kalken – Biographie Nationale.