PIRE, Jules, Joseph.

Né à Hannut, le 29 mars 1878, décédé à Bruxelles, le 29 janvier 1953.

 

Lieutenant-général de l'Infanterie.

Commandant de l'Armée Secrète, 1944-1945.

Commandant de la 10e Division d'Infanterie, 1939-1940.

Commandant du Corps des Chasseurs Ardennais, 1936-1939.

Commandant de l'Infanterie de la 5e Division d'Infanterie, 1934-1936.

Commandant de la 2e Régiment de Ligne, 1931-1934.

 

Grand Croix de l'Ordre de Léopold à titre posthume, Grand Croix de l'Ordre de la Couronne avec Palme et de l'Ordre de Léopold II avec Palme, Croix de Guerre 1914-1918 avec Palmes, Croix de Guerre 1940 avec Palme, Médaille de l'Yser, Croix de Feu, Médaille Commémorative de la Campagne 1914-1918, Médaille de la Victoire, Médaille Commémorative 1940-1945 avec Sabres Croisés, Médaille de la Résistance 1940-1945, Croix Militaire de 1re Classe, Médaille Commémorative du Centenaire.

Commandeur de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France et de la Legion of Merit des Etats-Unis, Honorary Companion Order of the Bath Grande-Bretagne, Silver Star Etats-Unis, Military Cross Grande-Bretagne, Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme France.

Huit Chevrons de Front, une Chevron de Blessure.

 

 

 

MORT DU GÉNÉRAL PIRE – Le Soir, 30 janvier 1953.

On annonce le décès du général Pire survenu jeudi matin à Bruxelles. Ancien commandant en chef de l’Armée Secrète et commandant en 1940 de la 10e division d’infanterie, le général Pire était malade depuis de longues années.

Jules Pire est né à Hannut le 29 mars 1878. Il passa par l’Ecole militaire et fut nommé sous-lieutenant en 1900. Il entra ensuite à l’Ecole de guerre d’où il sortit adjoint d’état-major. A la veille de la guerre 1914-1918, il était capitaine en second.

C’est alors la guerre 1914-1918, durant laquelle Pire sert successivement à l’état-major de la 3e brigade mobile, au 3e de Ligne, à l’état-major 1e division d’armée, au 23e de Ligne. Ses brillants états de service lui valent la Croix de Guerre, la Military Cross et la chevalerie de l’Ordre de Léopold avec Palme. Il est aussi titulaire d’une chevron de blessure. Il termine la campagne avec le grade de major.

Il poursuivit alors une belle carrière militaire, au cours de laquelle ses chefs et ses subordonnés apprécient ses remarquables qualités professionnelles et humaines. Colonel en 1929, général-major en 1934, il commanda avec distinction l’infanterie de la 5e division d’infantarie, puis le corps des Chasseurs Ardennais (1936), auquel il contribua à donne, la valeur combattive qui se révélera en mai 1940.Il est nommé lieutenant-général le 26-12-1936.

La pension le suprend le 1er avril 1939. Mais l’approche de la guerre le rappela sous les armes en septembre 1939 pour commander la 10e division d’infanterie.

Mais voilà la patrie occupée. Sans un instant d’hésitation, il participe à la résistance à l’ennemi.

Il prend du service dans la Légion Belge dès fin 1940 et en reçoit le commandament de la zone wallone.

Le 30 décembre 1942, le gouvernement belge de Londres crée l’Armée Secrète, formation militaire destinée à combattre l’ennemi sur ses arrières en territoire occupé.

Dès 1942, le général Pire était recherche par l’ennemi. Il prit résolument le maquis, poursuivit sans relâche son activité, et malgré la menace qui pesait sur lui, accepta sans hésitation des responsabilités de plus en plus lourdes. La magnifique citation de l’O.J.A. qui entraîna l’octroi au général Pire de la Grand-Croix de l’Ordre de la Couronne avec Palme et la Croix de Guerre 1940 avec Palme résume admirablement son activité :

« Après avoir brillamment fait la campagne des dix-huit jours à la tête d’une de nos divisions d’infanterie, entré parmi les premiers, dès décembre 1940, dans la résistance militaire. En vue d’assurer à sa mission locale un meilleur rendement, n’hésite pas à se placer aux ordres d’officiers inférieurs en grade. Prend en janvier 1944, le commandement en chef de l’Armée Secrète et parvient, malgré les difficultés et les dangers quotidiens croissants, à maintenir et à développer au sein d’un groupement clandestin dépassant les soixante mille hommes, une cohésion et une discipline remarquable dignes de l’armée belge dont elle personnifie l’âme et les traditions. Exemple d’énergie calme et réfléchie, homme de cœur animé d’une confiance inébranlable dans l’issue de la lutte, se trouve dès l’aube de la libération, à la tête d’une force militaire ardente et redoutée, dont les brillants services ont été appréciés officiellement par le commandement suprême interallié. »

Le lieutenant-général Pire reçut également l’hommage des gouvernements étrangers : commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre française avec Palme, Compagnon de l’Ordre du Bain, commandeur de la Legion of Merit, Silver Star.

La paix revenu, le grand chef, qui était un vrai soldat, un homme simple et modeste, loin d’aspirer aux satisfactions vaines d’une gloire cependant méritée, se tint à l’écart de toute publicité. Mais il continua à s’intéresser quotidiennement, même lorsque la maladie survint, au sort de ses camarades de combat, des plus élevés jusqu’aux plus humbles.

Il avait coutume de dire que parmi les commandements qu’il avait exercés, celui de l’Armée Secrète lui avait valu les plus belles satisfactions, et que c’était de celui-là qu’il était le plus fier. Il souffrait de constater combien les mérites de ses compagnons de la lutte clandestine, et les services qu’ils avaient rendus, étaient sous-estimés. Récemment encore, à la suite des affaires d’incivisme, il adressait au premier ministre, une lettre ouverte, d’une grande élévation d’âme. Les sages conseils et les sereines exhortations de cet homme, près de la mort et qui le savait, doivent être relus et médités.

Un grand soldat, un grand Belge n’est plus. Sa mémoire vivra chez tous ceux qui ont partagé sa vie au service du pays.

Les funérailles du lieutenant-général Pire auront lieu le 2 février, à 11 heures, en l’église Saint-Hubert, à Boitsfort.