THEUNIS, Georges.

Né à Montegnée, le 28 février 1873, décédé à Bruxelles, le 4 janvier 1966.

 

Ministre d'Etat.

Premier Ministre, 1921-1925, 1934-1935.

Ministre des Finances, 1920-1925.

Ministre de la Défense Nationale, 1932.

Membre de la Chambre des Représentants.

Gouverneur de la Banque Nationale, 1941-1944.

Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire.

Lieutenant-Colonel de Réserve.

 

Grand Croix de l'Ordre de Léopold et de l'Ordre de la Couronne, Officier de l'Ordre de Léopold avec Palme, Médaille Commémorative de la Campagne 1914-1918, Médaille de la Victoire, Croix Civique, Médaille Commémorative du Centenaire.

Grand Croix de l'Ordre des SS. Michel et Georges de Grande-Bretagne, de l'Ordre du Soleil Levant de Japon, de l'Ordre du Lion Blanc de Tchécoslovaquie, de l'Ordre des SS. Maurice et Lazare d'Italie, de l'Ordre de Charles III d'Espagne, de l'Ordre de la Couronne de Chêne de Luxembourg, de l'Ordre Polonia Restituta de Pologne, de l'Ordre de l'Étoile et de l'Ordre de la Couronne de Roumanie, de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France, de l'Ordre de Saint-Olaf de Norvège, de l'Ordre du Christ de Portugal et de l'Ordre du Wasa de Suède, Distinguished Service Order Grande-Bretagne.

 

Theunis fut le premier de ces grands financiers qui, entre 1920 et 1940, apportèrent le concours de leur expérience au redressement du pays. Il ne devait pas être le seul puisque successivement Albert-Edouard Janssen, Emile Franqui, Max-Léo Gérard et Camille Gutt reçurent le portefeuille des finances dans les divers gouvernements qui se succédèrent en Belgique entre les deux guerres. Cet appel à des extraparlementaires et techniciens était normal car les hommes politiques belges de l’époque étaient souvent d’éminents juristes dont les plus jeunes avaient reçu de vagues leçons d’économie politique au cours de leurs études universitaires, mais dont aucun n’avait suivi des leçons de finances publiques auprès d’éminents professeurs qui n’existaient pas.

Né à Montegnée près de Liège au mois de février 1873, Georges Theunis était le fils d’un général, gouverneur militaire de la province de Namur, et se destinait à la carrière des armes. Il avait fréquenté avec succès l’Ecole Militaire, l’Ecole d’Application et la célèbre Ecole d’Equitation d’Ypres lorsqu’en 1897, il quitta l’armée avec le grade de lieutenant et d’ingénieur électricien, pour entrer dans les affaires d’Edouard Empain, grand industriel spécialisé dans la production et la distribution d’énergie électrique en Belgique et à l’étranger. Il devait rapidement occuper dans cette affaire une place importante, à mi-chemin entre la grande industrie et la finance. A la veille de la 1ère guerre mondiale, Theunis était considéré comme un des financiers les plus considérables de Bruxelles où son influence était fort importante.

Dès les premiers jours de la guerre, il se porta volontaire, mais le comte de Broqueville était trop avisé pour ne pas utiliser les compétences de ce grand financier. Après le siège d’Anvers, le chef de cabinet l’envoya, d’abord en France puis bientôt à Londres, diriger la commission chargée d’effectuer des achats d’armes et tous genres nécessaires à l’armée belge. Il avait été nommé lieutenant-colonel quand le baron Empain avait été commissionné général et ce grade le mettait sur un pied d’égalité lui permettant de négocier directement avec ses collègues français et anglais.

Au lendemain de la victoire, Delacroix fit appel à son expérience pour l’aider dans l’importante question des réparations. La Conférence de la Paix avait reconnu à la Belgique un droit de préemption de deux milliards ½ de marks sur les indemnités payées par l’Allemagne. Toutefois, la clause ne fut pas officiellement inscrite dans le traité, mais confirmée lors d’un échange de lettres intervenu entre les gouvernements alliés et la Belgique. Avant d’être signée, par les plénipotentiaires belges, la lettre fut soumise à Theunis qui fit ajouter derrière le mot « mark » la précision « or » ; personne n’y avait songé car nul en Europe ne prévoyait la terrible tempête monétaire qui allait secouer le monde dans les dix années suivantes. Désigné par le gouvernement pour représenter la Belgique à la Commission des Réparations, il quitta ce poste lorsque Carton de Wiart lui offrit le portefeuille des finances dans son ministère.

En un an, il sut s’imposer au pays par la hauteur de ses connaissances techniques, sa droiture intellectuelle et l’agrément de son caractère. Avec courage, il entreprit de mettre fin à la politique de St.-Nicolas (Selon la jolie expression employée dans son cours de finances publiques à Louvain par Albert-Edouard Janssen) et de largesses budgétaires basées sur le slogan « l’Allemagne paiera ». Lorsque le comte Carton de Wiart, au lendemain des élections du mois de novembre 1921, décida de quitter le pouvoir, le roi sur les conseils de Woeste et avec l’appui de l’opinion publique, fit appel à Georges Theunis pour constituer le nouveau cabinet. L’avis de Woeste fut, en la matière, déterminant, non que le roi aimât beaucoup le Ministre d’Etat, mais parce que cet appui assurait au futur premier ministre extraparlementaire, le soutien de la droite sans lequel rien n’était possible puisque le parti catholique avait gagné sept sièges aux élections du mois de novembre 1921.

La désignation de Theunis, fut la dernière intervention dans la vie politique du vieux Ministre d’Etat qui allait mourir au mois d’avril suivant dans sa quatre-vingt-sixième année. Woeste demeure le chapitre non écrit de cet ouvrage, mais sa forte personnalité a trop imprégné la vie politique belge durant près de 50 ans, pour qu’à l’heure où il disparaît de notre horizon politique nous ne lui consacrions pas quelques lignes. Sans doute ne fut-il pas un grand homme d’état mais seulement un grand homme politique ; plus encore que Léopold II, il n’avait jamais rien compris à la question sociale ni à la question flamande, mais il était demeuré durant près de 40 ans le chien berger de la majorité catholique ; il avait perdu presque toutes les batailles qu’il avait livrées, celles de la représentation proportionnelle, du service militaire obligatoire, du suffrage universel ; mais il avait gagné la seule qui lui tenait réellement à cœur, celle de l’enseignement libre. Personnellement fort désintéressée, il avait consacré à la cause catholique, telle qu’il la concevait, un total dévouement au détriment de ses intérêts pécuniaires et familiaux. Après sa révocation par Léopold II en 1884, si la majorité se maintint durant plus de 30 ans au pouvoir elle le doit probablement, en grande partie, à cet homme qui sut sans arrêt faire passer les intérêts du parti au-dessus de ses préférences personnelles. Il y a dans le renoncement de Charles Woeste une certaine grandeur. Nous croyons que malgré ses fautes et ses insuffisances, l’œuvre des gouvernements catholiques de 1884 à 1914 demeure nettement positive mais nous croyons aussi que sans Woeste, cette œuvre n’eût probablement pas été possible. Le vieux ministre n’inspire pas la sympathie, il inspire le respect.

Chargé de former le cabinet, Theunis n’y réussit pas sans difficulté, les socialistes ne voulaient plus faire partie d’un gouvernement d’union nationale et désiraient retrouver dans l’opposition la pureté de leurs principes. Quant aux libéraux, s’ils acceptaient de participer au gouvernement, ils voulaient en même temps éviter l’emprise socialiste et la domination cléricale. Non sans peine, Theunis réussit le 16 décembre 1921, à former un ministère composé de 7 catholiques et de 5 libéraux. Mais tandis que dans l’esprit de son chef le gouvernement devait être un cabinet d’affaires, chargé d’achever la reconstruction nationale, la droite flamande entendait enfin obtenir la satisfaction de quelques-unes de ses revendications tandis que les libéraux désiraient le maintien d’une armée suffisamment forte pour faire face à toute crise internationale éventuelle. C’st pourquoi la vie du ministère fut d ès l’origine, difficile, en raison du manque d’unité de vues de ses membres. Une première crise survint lorsque fut discutée la flamandisation de l’Université de Gand dont ni les libéraux, ni une partie de la droite ne voulaient entendre parler. Au surplus  l’opposition était à ce sujet tout aussi divisée. Tandis que Vandervelde – peut-être parce que son sens d’homme d’état lui faisait voir l’inéluctable nécessité de cette réforme mais peut-être aussi par tactique pour préparer cette majorité démocratique qui se réaliserait un jour lors de la formation du cabinet Poullet-Vandervelde – en était partisan, Jules Destrée y était résolument hostile. A cela était venue s’ajouter la question de la durée du service militaire que les socialistes prétendaient réduire à six mois, mais que Devèze voulait maintenir à douze en raison de l’occupation de la Ruhr. En effet, devant la mauvaise volonté mise par l’Allemagne à payer les réparations et devant ses déclarations incessantes de son insolvabilité, Bonar Law, qui depuis un an était devenu premier ministre britannique et chef de gouvernement conservateur, avait proposé un moratoire de quatre ans sans garantie en faveur de la Belgique et il demandait à notre pays de renoncer son droit de priorité. Les gouvernements de Paris et de Bruxelles avaient refusé les propositions anglaises et Poincaré avait fait occuper la Ruhr par l’armée française ; l’armée belge avait suivi.

Mais, cette occupation exigeait de maintenir sous les drapeaux un plus grand nombre de miliciens et entraînait par le fait même la prolongation du temps de service ; ce qui fait que la flamandisation de l’Université de Gand survint en même temps que le maintien de la durée du service militaire, fort mal vue par la droite flamande qui y voyait un asservissement à la politique française. Finalement, après une crise ministérielle, une formule d’accord fut trouvée par Nolf, ministre des sciences et des arts, en vertu de laquelle il existerait à Gand deux universités, l’une flamande où les 2/3 des cours seraient donnés en néerlandais et 1/3 en français, tandis que dans l’autre université demeurée francophone, les 2/3 seraient donnés en français et 1/3 en néerlandais.

Quant à la question militaire, il fut entendu que la présence sous les armes des miliciens ne serait pas diminuée aussi longtemps que la crise de la Ruhr n’aurait pas trouvé de solution, et, qu’après cela le service serait réduit de 4 mois. Dans ces conditions, les ministres retirèrent leur démission à l’exception de Devèze remplacé, à la défense nationale, par Forthomme.

Six mois plus tard, le gouvernement soumit aux Chambres un nouveau traité de commerce franco-belge qui provoqua au Parlement un débat passionné. Dès l’origine, la droite flamande reprocha au ministère d’avoir signé avec la France un accord sacrifiant les intérêts nationaux et bien que le gouvernement ait posé la question de confiance, le traité fut repoussé. Theunis se rendit aussitôt au palais remettre sa démission au souverain, en annonçant qu’il n’accepterait plus de former un nouveau ministère.

La crise semblait d’autant plus difficile à résoudre que derrière l’opposition manifestée au sujet du traité de commerce franco-belge, se cachait en réalité l’hostilité des catholiques flamands à l’orientation trop francophile donnée, selon eux, à notre politique étrangère. La droite flamande manifestait surtout sa méfiance à l’égard de l’accord militaire signé au mois de septembre 1920 par le général Maglinse – chef d’état-major général – avec le maréchal Foch. Ce traité lui apparaissait comme une sorte de monstre du Loch Ness bien qu’il fût strictement défensif, mais son caractère secret effrayait une partie de l’opinion publique, d’autant plus que l’Angleterre avait refusé de s’associer à cette alliance. IL fallut l’assistance du roi et de la droite unanime pour que Theunis revienne sur sa décision. Dans le nouveau ministère, Paul Hymans remplaçait Jaspar, ce qui était paradoxal, car le leader libéral était certainement plus francophile que l’ancien ministre des affaires étrangères, mais d’autre part, Prosper Poullet – un des leaders de la droite flamande – remplaçait Berryer au ministère de l’intérieur. En réalité, la majorité demeurait divisée, et en de nombreuses occasions, une majorité de rechange composée de socialistes et de membres de la droite flamande se formait au Parlement pour amender les projets gouvernementaux dans un ses démocratique. Pour clarifier la situation, le premier ministre obtint du roi d’avancer les élections législatives de quelques mois et de dissoudre le Parlement au mois de février 1925.

Dans ce climat politique instable, le gouvernement et surtout son chef, avaient néanmoins accompli sur le plan financier et économique un effort remarquable. Alors qu’en 1921 la dette publique s’accroissait de 7 milliards par an destinés presque uniquement à couvrir le déficit des budgets ordinaires, la dette publique avait cessé de s’accroître. A la fin de 1924, le budget de l’année suivante se présentait avec un boni de plus de 18.000.000 de francs. Mais, ce redressement financier n’avait pu se faire que grâce à des compressions budgétaires sévères ; parfois même pour permettre à nos industries d’être concurrentielles sur les marchés étrangers, les salaires avaient été diminués. De là naquit un certain mécontentement au sein de la population. Theunis était un financier non un homme politique, il gouvernait la Belgique comme il administrait les affaires privées dont il avait charge mais il ne comprenait pas que les hommes ont d’autres réactions que les actionnaires des sociétés anonymes. La masse des électeurs demeurait insensible à l’équilibre budgétaire mais les fonctionnaires, les employés, les salariés, les anciens combattants réclamaient des augmentations de traitements, de salaires ou de pensions et ne les obtenant pas, malgré la hausse constante du coût de la vie, s’apprêtaient à voter pour le parti socialiste qui ne parlait pas d’équilibre budgétaire mais d’augmentation des revenus. Cela, Theunis, avec sa formation de financier, était incapable de le comprendre et sa volonté, maintes fois exprimée, de se tenir éloigné des partis politiques et des intrigues électorales ne lui permettait pas de sentir la volonté du corps électoral. Le comte de Broqueville ne comprenait rien aux problèmes financiers mais avait l’art suprême de gagner les élections ; Georges Theunis résolvait les problèmes financiers mais ne pouvait remporter un succès électoral.

Au lendemain des élections du 5 avril 1925, qui assuraient la victoire du parti socialiste, le ministère démissionna. Nommé, suivant la tradition, Ministre d’Etat, Theunis accepta un siège de sénateur coopté. Cependant il n’était pas fait pour la vie parlementaire et dix-huit mois plus tard, au début de décembre 1926, il donna sa démission pour se consacrer aux affaires privées. Sa vie politique semblait finie.

La retraite du ministère Renkin au mois d’octobre 1932, le ramena aux affaires. Le comte de Broqueville, chargé par le roi Albert de reconstituer le ministère, lui confia le portefeuille de la défense nationale dans un cabinet éphémère, qui se retira après les élections du mois de décembre.

En 1934, après la démission de de Broqueville, il accepta, à la demande du roi Léopold III, de constituer le nouveau gouvernement. La crise économique commencée à New York en 1929 s’étendait au monde entier, la Belgique comptait près de 300.000 chômeurs ; les banques de leur côté connaissaient de grosses difficultés de trésorerie, la Banque Belge du Travail – présidée par Edouard Anseele, ancien ministre socialiste – et le Boerenbond – représentant du milieu agricole flamand – avaient dû demander l’intervention de l’état pour sauver l’épargne de leur clients. Sans être aussi menacées, les autres banques belges voyaient leurs liquidés gelées dans des activités industrielles incapables de faire face à leurs engagements et épuisaient leur marge d’avances à la Banque Nationale. Le budget 1935, malgré se sévères compressions, se présentait avec un déficit de 200 millions.

Pour faire face à une telle situation les remèdes politiques étaient insuffisants, le roi Léopold III le comprit et s’adressa à Theunis, celle-ci forma rapidement un cabinet auquel Franqui et Gutt acceptèrent d’apporter leur concours ; devant la gravité de la situation, le premier ministre aurait voulu former un gouvernement d’union nationale ; les socialistes, accrochés au plan préparé par Henri De Man, refusèrent.

A peine constitué, le cabinet dut faire face à une opposition violente, ce fut – suivant l’expression socialiste – le « gouvernement des banquiers », le mot était frappant et il resta. Avec courage, le gouvernement prit des mesures énergiques et décida la réduction immédiate de 5% des traitements et salaires, ce qui pesait davantage sur les ouvriers et les petits employés que sur les titulaires de traitements importants ; de plus il n’atteignait en rien les revenus des fortunes acquises et le ministère avait une assise populaire trop faible pour se permettre de ne pas donner l’impression de respecter une justice distributive équitable. Pour protester contre cette déflation à sens unique, le parti socialiste organisa pour le 24 février 1935 une grande manifestation nationale à Bruxelles et invita Paul-Henri Spaak – jeune député socialiste fort remuant et dont les idées extrémistes étaient bien connues – à donner sa démission en même temps que tous ses suppléants. Devant cette décision, le gouvernement pour éviter tout incident grave, interdit la manifestation envisagée. Au début du mois de mars, Theunis déposa un projet de loi demandant des pouvoirs spéciaux, mais la confiance parlementaire, accordée du reste sans enthousiasme par les libéraux et les catholiques, ne suffisait pas pour obtenir celle de l’opinion et encore moins celle du crédit. Depuis le début de l’année, les sorties d’or étaient de plus en plus importantes ; en mars après une conférence donnée à Liège par le professeur Baudhuin, économiste de l’Université de Louvain, qui préconisait ouvertement la dévaluation, ces sorties d’or prirent un cours si rapide qu’entre le 11 et le 18 mars 1935 elles atteignirent 925 millions de francs et contraignirent le gouvernement à envisager le contrôle des changes pour arrêter l’hémorragie. Toutefois, avant de prendre une telle mesure, Theunis décida de se rendre à Paris avec Hymans et Gutt pour demander l’aide du gouvernement français ; Flandin alors président du conseil offrit 500 millions de crédit mais refusa d’envisager d’abaisser les barrières douanières, seule mesure capable de redonner un peu de vigueur à l’économie belge. Rentrés à Bruxelles, les ministres mirent en application le contrôle des changes et s’en allèrent présenter au roi leur démission.

Nommé, en 1939, ambassadeur extraordinaire aux Etats-Unis, au début des hostilités en Europe, Georges Theunis devait le demeurer durant toute la guerre cumulant curieusement cette fonction avec celle de gouverneur de la Banque Nationale à laquelle le gouvernement de Londres l’avait appelé. C’est en cette dernière qualité qu’il eut l’occasion de rendre à son pays un immense service. Au mois de mai 1940 la Banque Nationale de Belgique avec l’accord du gouvernement avait confié à la Banque Nationale de France une partie de sa réserve d’or. Par la suite, le gouvernement de Vichy avait remis ce trésor aux autorités allemandes. Toutefois, la France ayant elle-même déposé une partie de ses réserves à Washington, Theunis en sa qualité de gouverneur de notre institut national, fit saisir par la voie judiciaire l’or français à concurrence du montant confié à la Banque de France. C’est ainsi qu’à la fin des hostilités la Belgique put recouvrer le montant de son dépôt.

Rentré en Belgique, Theunis se retira définitivement des affaires publiques, s’intéressant à l’art et se consacrant au mécénat. Avant de mourir, il eut la joie d’inaugurer le monument érigé à Woluwe-Saint-Lambert en l’honneur du comte de Broqueville à qui il vouait une grande admiration. Lui-même devait s’éteindre paisiblement à Bruxelles le 4 janvier 1966, âgé de 93 ans et, laissant dans l’histoire de la Belgique le souvenir d’avoir été un grand serviteur du pays, l’un des grands Albertins.

 

Bartelous, J., Nos premiers ministres de Léopold Ier à Albert Ier, Brussel, 1983.